Il n’en rate décidément jamais une, notre Préfet. On peut bien penser ce qu’on veut de la grève des taxis, qui s’émeuvent que la Sécu tente de faire des économies sur le transport des malades (alors qu’à la base, c’était déjà pas vraiment leur rôle, et qu’ils en profitent pour bien se faire plaisir sur le dos des cotisants), Patrice Latron a quand même, encore une fois, dérapé.
Hier et ce matin, donc, quelques conducteurs de taxis ont décidé de provoquer des embouteillages sur quelques points stratégiques de La Réunion. Alors, c’est chiant, oui. Mais le Préfet, qui avait envoyé la BAC contre les manifestants de début septembre, a cette fois annoncé qu’il allait verbaliser les taxiteurs qui roulaient trop doucement.
A La Réunion, un flic affiche sa préférence pour l’extrême-droite trumpiste
Fait rare, il a même carrément passé un coup de fil à Free Dom pour expliquer que ça ne rigolait plus. Reprenant les termes classiques de la droite et l’extrême-droite, dès qu’il y a un mouvement social : “C’est insupportable. Nous n’avons pas le droit, quelles que soient les raisons, de prendre la population en otage.” Eh oui, nous, pauvre choux, serions des “otages” des taxiteurs.
Déjà un peu galvaudé en général, le terme prend, en plus, une résonnance particulière, au vu de la date : hier, jour de début du mouvement des taxis, nous étions le 7 octobre. Soit la date anniversaire de l’attaque terroriste du Hamas en 2023; commémorée dans le monde entier, qui, en plus du millier de morts en Israël, avait amené à la capture de 251… otages israéliens. En réponse à cet événement, Israël a conduit un opération génocidaire à Gaza, provoquant la quasi-destruction de l’enclave palestinienne, la mort de 66 000 palestiniens, dont le tiers d’enfants. Utiliser le terme d'”otage“, aujourd’hui, parce que deux ou trois conducteurs de taxis ont roulé doucement sur des routes réunionnaises, c’est vraiment très classe.
L. C.
