Le Tampon vient de découvrir l’existence du Tangue. Profitons-en pour faire oeuvre de pédagogie envers ses habitants : l’indépendance, l’honnêteté, ils ne sont pas habitués.
Ce week-end, c’était Dallas au Tampon : ça a sûrement échappé à la majorité de nos lecteurs, mais pour celleux qui suivent les péripéties politiques sur les réseaux, c’était du caviar, et ça nous a fait rigoler à peu près tout le dimanche.
Ca commence avec un papier de Clicanoo, publié dans la nuit de samedi à dimanche, et intitulé “Au Tampon, l’incroyable axe Chaussalet-Bassire“. Il y décrit comment un ancien soutien de Nathalie Bassire, ancienne députée de droite, est désormais un soutien d’Alexis Chaussalet, qui s’est présenté à différentes élections sous l’étiquette LFI. Un militant qui tourne casaque, on en a vu d’autres. De là imaginer que le Chaussalet, candidat à la mairie du Tampon, et historique militant de gauche, puisse s’entendre avec la très droitière autre candidate aux élections, il y a un pas que le JIR a franchi semble-t-il allègrement. Mais, après tout, pourquoi pas.
Au coeur du pataquès qui commençait à se former sur les réseaux, ce fameux militant, Mickaël Verbar, administrateur d’une page très suivie, et que nous découvrions au même moment, “Coeur Tamponnais“, qui semble en effet soutenir monsieur Chaussalet. Quelques heures plus tard, Clicanoo, directement sur Facebook, affirmait que Alexis Chaussalet avait participé au pique-nique d’une association touchant des subventions de la Région, dont la présidente est une militante de madame Bassire. Un peu capillotractée, cette nouvelle affaire voyait l’ancienne députée se rebiffer, en profitant pour taper dur sur son adversaire de gauche : “Je n’ai absolument aucune relation constructive et positive avec ce candidat qui a été mon adversaire au 1er tour des législatives de Juin 2022 et qui avait refusé d’appeler à voter pour moi dans l’entre-deux tours (…) Aux législatives de Juin 2024, le candidat de Gauche extrême – par le rejet de sa personnalité clivante et de son projet radical – a permis la victoire de l’extrême-droite sur la 3ème circonscription de La Réunion.” Dans un commentaire, ledit Chaussalet expliquait, lui, avoir “le droit de [s]e déplacer sur la commune pour participer à des initiatives associatives et environnementales.” Selon nos informations, personne ne croit une seconde, au Tampon, que Chaussalet et Bassire pourraient s’entendre sur quoi que ce soit.
Question : qu’est-ce qui a donc pris à Clicanoo de publier en plein coeur du week-end, même en pleine nuit, puis directement sur les réseaux, alors que Clicanoo est un site sur lequel il y a des espaces publicitaires, une pareille histoire en deux épisodes qui ne semble pas casser trois pattes à un canard, sur deux concurrents à la mairie du Tampon ? Faut donc aller se pencher sur le troisième, le maire actuel, Patrice Thien Ah Koon. Il y n’est peut-être pour rien ; nous rappellerons cependant qu’il n’y a pas si longtemps, l’ancien directeur du JIR, Jacques Tillier, était allé cajoler son papa et ancien maire André, condamné depuis pour prise illégale d’intérêts. Pour le coup, voilà une proximité documentée, et confirmée par le principal intéressé.
Il y a mieux. Lors de son retour dans les kiosques – disparu depuis – le JIR, sous sa forme d’hebdomadaire, a été abreuvé de publicités venant de la mairie du Tampon, version Patrice. Il y a quelques semaines, le JIR ventait encore un partenariat avec les Florilèges, la fiesta organisée par la mairie.
Un magazine qui, au passage, n’a pas hésité non plus à cirer les pompes du Patrice, largement choyé par les rédacteurs du JIR Hebdo.
[Best of de l’hiver] Pour les copinages, le JIR Hebdo reprend le flambeau du JIR
Ce partenariat économique et politique suffit-il à expliquer le coup à deux bandes sur les prochains adversaires de la mairie en place actuellement au Tampon ? Peut-être. Mais pas que.
Comme nous vous le disions en début d’article, l’homme au centre de l’affaire du week-end est Mickael Verbar, administrateur de la page “Coeur tamponnais” et ses 60 000 membres. Or, ce groupe, particulièrement influent au Tampon avait, quelques heures avant la première partie de l’enquête du JIR, publié à ses très nombreux followers un article plutôt bien fichu… le nôtre.
Au Tampon, on vend la peau de la miss avant d’avoir attribué le marché
Nous y décrivions un potentiel conflit d’intérêts, pendant lequel une jeune femme proche de l’actuel directeur de cabinet du Tampon avait commencé à travailler sur un marché public pourtant pas encore attribué, avant de gagner finalement l’appel d’offre. Cet article a remporté un – léger – succès auprès des suiveurs de la page ; il aurait mis la mairie tamponnaise en émoi, cherchant à tout prix à identifier nos sources, alors que les appels d’offre sont publics, et qu’on a, en vrai, pas eu à se creuser la tête tant que ça. N’empêche que depuis, on a même cru apercevoir quelques posts Facebooks effacés à la va-vite, heureusement qu’on avait fait des captures au cas où…
La temporalité entre la publication de Clicanoo, quelques heures après que notre enquête à nous, largement diffusée auprès du public tamponnais, est peut-être un hasard, après tout, n’ayons pas mauvais esprit. En tous cas, c’est gagné pour la mairie du Tampon : la force de frappe de Clicanoo et ses dizaines de milliers de suiveurs, et accessible gratuitement, a bien évidemment permis une diffusion plus large de ses articles.
Parce que, oui, les nôtres sont payants, ce qui a eu l’heur d’étonner quelques nouveaux venus sur nos propres réseaux. Une fois n’est pas coutume, nous rappellerons donc que le fait de payer nos articles permet de nous rémunérer, et de rester à l’abri d’une quelconque pression venue de l’extérieur, de la part d’annonceurs et, ou, de collectivités susceptibles de nous filer du blé. Eh oui, contrairement à ce que des lumières affirment, on ne reçoit aucun fric d’une quelconque entité, à part la bourse d’émergence du ministère de la Culture, en 2020, que nous n’avons jamais cachée, puisqu’elle est évoquée dès l’ours du Tangue. On est même assez cons pour ne même pas avoir demandé le chèque numérique de la Région, c’est dire. Et comme nous l’expliquions encore vendredi, nous avons refusé la moindre aide du dircab’ du Tampon, qui souhaitait “aider la presse“, qui nous a expliqué plus tard qu’il n’avait pas d’arrière pensée lorsqu’il nous a fait cette proposition. Dont acte.
Cette indépendance face aux annonceurs et aux collectivités nous permet de travailler sereinement, et d’enquêter sur qui on veut. Sur la gauche et la droite : on nous reproche encore de ne rien écrire sur la majorité actuelle à la Région ? Rien n’est plus faux, bandes de borgnes.
A la Région, des millions pour des p’tits papiers par millions
On comprend qu’avec ce qu’on raconte depuis le début, il peut sembler étonnant aux Tamponnais qui découvrent Le Tangue qu’un canard puisse faire son taf’ en toute indépendance ; en plus de ce que nous écrivons, nous pouvons rappeler encore cet épisode, où toute la presse réunionnaise avait dû se coucher à plat ventre… sauf nous.
Chers lecteurs des Hauts, bienvenue sur Le Tangue. Et si la découverte de notre média satirique sur la forme, mais sérieux dans le fond, peut vous aider à voter un peu moins facho, on ne vous cache pas que ce serait pas plus mal.
La rédaction du Tangue
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