Adieu, copain cloporte !

 

Branle-bas de combat. La Préfecture vient de le rappeler, il ne reste plus que quelques jours aux Réunionnais pour régulariser la situation de leurs animaux de compagnie considérés comme “espèce envahissantes“, donc dangereuses pour la biodiversité locale.

Il s’agit en fait de l’application d’un arrêté ministériel, effectif depuis le 29 juillet 2021, interdisant l’importation d'”espèces animales exotiques à La Réunion” et qui exige – sans mesures coercitives prévues, pour le moment – que les propriétaires de ces animaux les déclarent à la DAAF. Ils ont aussi, théoriquement, l’interdiction de les faire se reproduire, de les vendre et de les donner. Et puisque ces animaux sont interdits à la vente depuis le 28 octobre, votre faisan sauvage va bel et bien mourir seul.

A moins que vous souhaitiez vous en débarrasser : puisqu’il est interdit “de le relâcher dans le milieu naturel” (oubliez le poisson dans la chasse d’eau), il faudra alors déposer les oiseaux à la Seor, vos tortues au Jardin des tortues, et tout le reste au Zoo Parc, qui sera très certainement bien content de récupérer des animaux rigolos à peu de frais. 

La plupart des perruches enfermées dans des jardins réunionnais pourraient bien, dans dix jours, devenir des sans-papiers, tout comme un paquet de poissons qui peuplent nos aquariums. Tout comme le reste de la liste des espèces exotiques fournies par la Préf’, qui nous en a par exemple appris de belles.

Si nous savions, déjà, que certains avaient des furets comme animaux de compagnie, c’est avec grande surprise que nous avons pu lire que les… cloportes étaient, eux aussi, considérés comme tels. Il faudra donc, à l’avenir, que vous ne laissiez plus se reproduire vos cloportes, que vous ne les laissiez pas s’échapper, et que vous les déclariez sur un formulaire : “Bonjour, monsieur le Préfet, je viens déclarer mon cloporte. Il s’appelle Gérard, et je l’avais avec moi avant le 28 juillet. Il n’a pas de relation sexuelle, et je fais bien attention à ce qu’il ne s’en aille pas.

Plus rude, encore : les professionnels, qui n’ont donc plus droit d’importer ces animaux, ont jusqu’au 29 juillet “pour un retour métropole ou destruction.” “Destruction” pour les animaux de compagnie, c’est comme “prélèvement“, pour les requins : un doux euphémisme pour dire qu’il va falloir les buter. Parce qu’on a du mal à imaginer les revendeurs se prendre la tête à renvoyer en France les bestioles, vu ce que ça coûte. Ça pourrait bien finir dans les ravines, vendu au black ou… enterré dans le jardin. On avait un oncle, il balançait les petits chats contre les murs. Ça pourrait marcher avec un furet, mais pour votre cloporte, va falloir vous débrouiller avec.

L. C.