Le flambeau, c’est pas cool

 

A La Réunion, la partie de Kamoulox bat son plein. On pensait que l’inauguration d’un bout de route à sens unique allait plier le game, mais apparemment, le Département n’a pas dit son dernier mot.

Mercredi, il a sorti sa botte secrète en commission permanente ; lâcher 180 000 euros (!) au Comité d’organisation des Jeux olympiques 2024 pour qu’il vienne organiser le passage de la flamme olympique sur l’Île : “Après avoir demandé et obtenu le label “Terre de Jeux 2024”, le Département a répondu positivement à la proposition faite par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques “Paris 2024” (COJO Paris 2024) à l’Assemblée des départements de France (ADF), d’accueillir une étape du Relais de la Flamme. Les élus de la Commission permanente valident les conditions financières de contribution du Département à l’organisation du Relais local par le COJO Paris 2024, à hauteur de 180 000€ TTC.

Evidemment, au Tangue, on va surveiller ça de près ces mois prochains. En attendant, y a déjà de quoi se marrer. Que dit, par exemple, l‘organisation, à propos du passage du point de départ de la flamme, à Olympie, vers l’Hexagone ? “Pour Paris 2024, elle fera le voyage depuis la Grèce jusqu’en France par bateau, respectant ainsi le principe de durabilité qui guide Paris 2024 dans l’organisation des Jeux et notamment tout au long du relais de la flamme.” Ben tiens : ça va être durable, du coup, de faire un crochet par La Réunion… Parce que le parcours du flambeau, pas encore connu, durera trois mois : le détour à La Réunion se fera donc, évidemment, en avion. Selon des modalités inconnues pour l’instant, mais qui demanderont une logistique bien particulière : la flamme ne devant jamais s’éteindre, elle devra voyager dans des conditions de sécurité adaptées (feu, cabine d’avion, vous voyez venir le problème…), accompagnée, évidemment, de tout un aréopage de membres du comité d’organisation. Vous nous voyez venir : au Tangue, on ne croit pas une seule seconde qu’un avion spécial sera affrété, puisque l’orga “respecte le principe de durabilité“. Par exemple, en 2012, la flamme n’avait pas fait le voyage dans un avion spécialement préparé et peinturluré pour faire Athènes-Londres… Ah, si. Rio 2016 ? Tokyo 2021 ? Zut : à chaque fois, des avions spéciaux, et encore, eux, ils avaient pas vraiment le choix.

Car, outre les coûts écologiques, c’est bien le coût tout court qu’il faudra surveiller. Selon nos informations, ces 180 000 euros ne prennent en compte que l’organisation, sur place, du passage de la flamme. Un coût que de nombreux départements, sur le continent, ont d’ailleurs refusé d’assumer. Qu’en est-il du transport ? Peu de chances qu’il soit pris en charge par les richissimes partenaires du grand raout olympique : aucune compagnie aérienne n’en fait partie. Qui va raquer, du coup ?

Le parcours définitif de la flamme devrait être connu rapidement. Au Tangue, on préfère s’y prendre tôt, pour se méfier de l’organisation d’une grande compétition mondiale de sport. Ça nous évitera, au dernier moment, d’ouvrir de grands yeux face à la catastrophe écologique et économique qui s’annonce. Et on ne parle même pas des médailles en athlé.

L. C.

 


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