Leung et Calichiama, 10/10 au backflip

 

Il y a des archives qui mettent des années à vieillir. D’autres, moins d’une semaine. Il y a quelques jours, souvenez-vous, double coup de tonnerre dans le paysage politique local : Eric Leung annonçait sa candidature aux législatives, accompagné de Yolande Calichiama, qui jouera le rôle de la suppléante. Pas du tout un coup de com’ de la part de Leung, hein : la présence de la suppléante, ancienne présentatrice du journal télé sur Antenne, aux côtés du candidat, relève du désir de se présenter en “tandem“. C’est quand même pas de bol : à chaque fois qu’une jeune femme célèbre à La Réunion intègre un binôme en politique pour bosser dans des duos “complémentaires“, c’est souvent dans le rôle de la suppléante. Lucie Ignace (en 2017, avec Jean-Jacques Morel) ou Marcelle Puy (2011, avec Roland Robert) pourraient sans doute en parler.

L’autre problème, c’est que dans leur interview de déclaration de candidature à Zinfos, le duo affirmait se présenter “sans étiquette“. Et qu’aujourd’hui, on apprend qu’il sera soutenu par la majorité présidentielle, c’est-à-dire par le mouvement Avec Vous. Leung et Calichiama pourront donc se prévaloir du soutien d’Emmanuel Macron. “Sans étiquette“, donc, mais quand même vachement beaucoup.

La semaine dernière, pour Leung, on n’en était déjà pas loin : il affirmait qu’élus, “Nous serons dans la majorité présidentielle“. Pas étonnant, de la part du coordinateur de la campagne d’Emmanuel Macron à La Réunion. Il affirmait cependant : “Je reste, pour le moment, société civile. C’est pour cette raison que Yolande et moi parton sous la bannière “société civile”.” Pas très clair, tout ça. D’autant moins que son binôme n’avait pas l’air de voir les choses de la même manière. Des déclas assez savoureuses à lire aujourd’hui : “[J’ai] envie de faire quelque chose en tant que citoyen parce que je ne conçois pas la chose différemment. […] Nous ne nous reconnaissons aujourd’hui dans aucun parti, et nous ne voulons pas être rattaché à un parti. C’est vrai que les termes sont usés, parce que ces discours-là ont été utilisés par tous les autres. […] Le plus dur pour nous sera de renouer un lien de confiance.” C’est déjà mal barré : être soutenu par un parti, alors qu’on rejetait les partis quelques jours plus tôt, ça commence mal. D’autant qu’elle a continué : “Le fait que Éric a été coordonateur de la campagne d’Emmanuel Macron, ça ne veut pas dire qu’il fait campagne pour Macron, ou qu’il va dire oui à tout ce que va dire ou faire Emmanuel Macron.” En fait, un peu, quand même : on imagine mal le tandem soutenu par le président aller critiquer le président. Quant à l’indépendance laissée aux députés de la majorité, on repassera : les bouquins d’anciennes députées En Marche ont plutôt tendance à décrire un groupe de bons petits soldats qui acquiesce à tout. 

L. C.