Sans source, ça repompe de grand matin

 

Parlez de “fake news” à un Tangue, et ses oreilles vont de dresser derechef. C’est un peu notre truc, ça, on en a même créé une rubrique. Du coup, lorsqu’on a découvert que dans la nouvelle émission réalisée en collaboration entre RTL Réunion et Antenne Réunion, Ansanm, qu’il existait une pastille consacrée, justement aux “fake news“, on a vraiment frétillé de plaisir. Quelle bonne nouvelle, que de sensibiliser le public local au sujet : après Imaz Press, qui diffuse chez nous l’excellentissime rubrique AFP Factuel sur son site, voilà qui va faire avancer la cause.

Sauf que… Mercredi, Le Tangue a tiqué. Le sujet sur Antenne était consacré à la “Télégonie”, une théorie bidon qui avance que les femmes conserveraient l’ADN de tous leurs anciens rapports sexuels. Un truc abracadabrantesque dont pas grand monde n’a entendu parler ici, mais soit : la rubrique s’est justement attachée à démonter ce machin. Point final ? Non (voir la rubrique à 28’30).

Car cette histoire de “télégonie“, Le Tangue en avait déjà entendu parler. Il y a un bail. Après quelques recherches, nous avons donc déniché cet article sur le sujet, paru sur Slate, en septembre 2021. Et là, surprise : en lisant cet article, nous retrouvons, quasiment mot pour mot, le texte récité à l’antenne dans l’émission. Jusqu’à la vanne de fin : la conclusion de Slate, “Ce qui est certes un peu dommage si vous sortiez avec le canon du lycée” devenant, chez Ansanm, “même si c’était le super capitaine de l’équipe de foot de votre lycée“. Après plusieurs réécoutes de la chronique, jamais, pourtant, nous n’avons entendu la source, Slate ou l’autrice du papier, citée à l’antenne. 

Premier problème : la rubrique, qui voulait dénoncer une théorie “machiste” repose donc sur l’appropriation, par un homme, du travail d’une femme (ici, Pauline Allione, journaliste chez Slate), pile le jour du 8 mars. Ca s’appelle du “Bropropriating“, et ce n’est pas toujours conscient.

Deuxième problème : la lutte contre les “fake news”. Souvenez-vous : en plein confinement, en 2020, Le Tangue vous avait offert son tuto pour lutter contre leur propagation.

 

Tuto : comment repérer une info à la con

 

Un mot a été utilisé plus que les autres : “sources“. C’est une des principales définitions d’une “fake news“, son manque de sources. Dénoncer, donc, une “fake news“, sans soi-même citer sa source, c’est donc un peu comme aller manifester contre le réchauffement climatique en pick up. 

Interpellé par nos soins sur Twitter – parce qu’on est des gros cons donneurs de leçon, au Tangue – l’auteur de la chronique a commencé par nous affirmer qu’il avait bien cité sa source – ce qui est faux – avant de nous bloquer. Le lendemain, dans la même rubrique de Ansanm consacrée cette fois aux complots inventés autour de la destruction d’immeubles en Ukraine, la source a bien été précisée ; il s’agissait de la reprise d’un article de la rubrique CheckNews, de Libération. Si ça se trouve, on a bien fait d’emmerder le monde.

L. C.