Cher désabonné au Tangue…

On t’a vu : tu as donc annulé ton abonnement au Tangue il y a quelques jours. Toi, un de nos premiers lecteurs, tu es parti. On a dû mal se comprendre dès le début.

 

Voilà, c’est fini. On t’a vu quitter la liste des abonnés au Tangue, la semaine dernière, toi l’abonné des premiers temps. On te dit “tu”, mais tu n’es pas seul, dans ce cas. Vous êtes quelques uns à avoir annulé votre adhésion, depuis une ou deux semaines.

On pourrait s’en ficher, puisque le nombre de nouveaux abonnés a largement comblé votre départ. Mais non : un lecteur qui part, c’est un déchirement pour notre petit cœur de Tangue. On n’aime pas les séparations. Surtout quand, comme nous le croyons, il s’agit surtout d’un malentendu. Qui ne remonte pas à ces derniers jours, mais bien au moment où tu t’es abonné. Tu n’as sans doute pas compris ce qu’était Le Tangue. Ça nous rend tristes : on a essayé d’expliquer.

Allez, crachons le morceau : tu t’es désabonné au moment où la majorité de nos articles concernent l’épidémie de Covid, et surtout les dérives complotistes des manifestations. C’est peut-être un hasard. Peut-être que, pas de bol, tu n’as plus d’argent à mettre dans Le Tangue. Ok. Mais tu n’es pas seul dans ce cas-là. Alors, le hasard, il a bon dos.

Quand, sur les réseaux sociaux, des personnes nous soupçonnent d’être des “collabos“, des amis des pouvoirs en place, ça nous importe finalement peu : ils ne sont souvent pas abonnés, et ne nous lisent pas. Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Mais quelque chose nous dit que ton départ répond de la même interprétation. Et ça nous fait mal.

Depuis qu’il existe, Le Tangue ne peut être soupçonné de soutenir la politique de l’actuel président de la République. Loin de là, suffit de relire nos articles consacrés à son arrivée, sa visite, ou même celui rédigé pendant les Gilets jaunes (toujours, aujourd’hui, l’article le plus lu du site). Comme, depuis le début, Le Tangue s’est érigé contre les multinationales, les monopoles, seul contre tous. Nos articles titillant les Hayot, Burger King, Decathlon, Isautier, nous sommes les seuls à les écrire. Ça nous vaut des ennuis. Tout ça, tu l’as lu.

 

Crise de foi

 

Aujourd’hui encore, Le Tangue est le seul média à consacrer une grande partie de ses articles à la vérification des fake news, propagées à l’envi par une très grande partie des manifestants, dont tu fais peut-être partie. Ne sois pas surpris : une de nos premières grosses enquêtes était, déjà, consacrée à ce genre de sujets. Depuis sa création, Le Tangue s’attaque aux croyances (religieuses, notamment) et aux fake news, c’est le principe même de sa rubrique “Crise de foi“. On aimerait croire à la chloroquine ; la révélation d’un scandale sanitaire lié aux vaccins serait une aubaine pour faire gonfler notre nombre d’abonnés. On pourrait se ranger derrière les manifestants, emmerder les pouvoirs en place sur les vaccins. On n’a pas attendu le Covid pour le faire et, sur ce coup, Le Tangue pense qu’ils ont tort. Et le prouve. Car l’efficacité du vaccin n’est pas affaire de politique. Nous n’avons pas à nous justifier : depuis le début de l’épidémie, nous ne nous sommes jamais privés de dénoncer les errements de l’Etat dans sa gestion.

Le Tangue a toujours travaillé avec rigueur : la vérification pointue des faits reste un des piliers de notre média. Toi, notre ancien lecteur, et tous les autres, nous avez payés pour cela. Nous vous le devons. Le Tangue est certes satirique dans sa forme, mais sur le fond, nous vérifions tout, nous documentons tout. Nos combats continuent à se baser sur des faits. On aurait bien aimé ne pas avoir à nous justifier sur ces points, surtout auprès de toi, qui nous lit depuis le début.

Finalement, depuis deux ans, Le Tangue n’a pas beaucoup changé. Notre ligne éditoriale, où nous faisons la part belle à la défense des minorités, aux luttes contre le capitalisme, la corruption, l’obscurantisme, la promotion des combats pour l’environnement, l’égalité, est toujours la même. C’est sans doute ce qui t’a donné envie, il y a des années, de donner un peu d’argent à un média réunionnais indépendant, qui s’efforce vaille que vaille de survivre sans publicité, sans aide locale, en toute indépendance.

Tu as bien le droit de ne plus vouloir nous lire, ni nous donner le moindre kopeck. Tu as bien le droit de consacrer ton temps de lecture à des médias qui confortent tes croyances. Nous espérons juste que ton départ ne trouve pas sa source dans un malentendu : le journal que tu as aimé est toujours le même. Le Tangue n’écrit pas pour faire plaisir à ses lecteurs, mais pour les informer. Parfois, ça remue un peu ; on pourra toujours en discuter.

Dans tous les cas, sache que tu seras toujours le bienvenu. On n’a pas changé d’adresse, et on est toujours aussi potaches. Tu nous manques beaucoup.

La rédaction du Tangue

 

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