Contre les fachos, y avait pas un chat

Il y a un mois, la “Marche pour les libertés et contre les idées d’extrême droite” a réuni à peine une centaine de personnes à Saint-Denis.

 

Au Tangue, il nous arrive de prendre des jours de repos. Le samedi 12 juin, nous avions décidé, à titre tout à fait personnel, sans vouloir en faire un article, d’aller manifester sur le parvis des Droits de l’Homme à Saint-Denis, histoire de faire un peu le nombre. Ce rassemblement était une émanation locale de la “Marche pour les libertés et contre les idées d’extrême droite” qui se déroulait, au même moment, dans tout le pays. Les nombreux collectifs à l’initiative du mouvement expliquaient ainsi le but de ces rassemblements : 

 

“S’allier avec l’extrême droite ou reprendre ses idées ne constituent plus un interdit. Les propos et actes racistes et sexistes au travail et dans la vie se propagent. Les attaques contre les libertés et les droits sociaux s’accentuent gravement. Dans ce contexte politique, économique, social et sanitaire les injustices explosent et génèrent une forte misère sociale.”

 

A Saint-Denis, se sont réunis deux pelés et trois tondus. Une centaine de personnes, environ. A s’inquiéter des violences policières, des crédits accordés à la santé et à l’éducation, de l’inégalité face à l’accès aux soins, à l’information… On y a parlé de luttes contre le racisme, l’homophobie, le sexisme, d’un gouvernement qui favorise les plus riches et, déjà, des retraites… Un mois, c’était hier : il y a un mois, y a quelques couillons, à La Réunion – dont nous – manifestaient face au danger que le Macronisme fait peser sur la société en général, en favorisant les “premiers de cordée” tout en aidant, en loucedé, à faire émerger un discours raciste dans les médias. On était quelques couillons, oui.

Il aura donc fallu l’obligation vaccinale pour que les manifs prennent de l’ampleur, Réunion compris. Soit. 

C’est sans doute une connerie, que d’imposer des mesures coercitives pour que tout le monde aille se faire vacciner. Dans un pays où la fracture numérique touche les plus pauvres, où l’Etat a communiqué n’importe comment sur l’épidémie, où le Président décide un peu tout tout seul, cette obligation vaccinale semble sortie de nulle part, nous atterrissant dessus de manière violente et soudaine.

 

Un cul-de-sac.

 

Mais faut être un peu franc : dans les rassemblements, à La Réunion en tous cas, le port du masque est marginal, et les discours anti-vaccins omniprésents. Les quelques manifestants pour la vaccination qui seraient tentés d’aller marcher pour les défenses de nos libertés fondamentales – les membres du Tangue en font partie – prennent donc le risque de se retrouver aux côtés des tarés qui se promènent avec des étoiles jaunes, qui racontent toujours les mêmes âneries sur les vaccins ou qui ont le Point Godwin au bord des lèvres. Le discours sur la défense de nos libertés est en fait inaudible. C’est terrible.

Terrible, car la vaccination reste la seule solution pour que nous puissions, collectivement, retrouver nos libertés. Si les conspis qui manifestent en ce moment n’avaient pas désinformé tout le monde, si les médias et le gouvernement avaient mieux fait leur taf, nous serions en train de tendre vers l’immunité collective, et il n’y aurait certainement pas eu la mise en place de lois liberticides. Pas celles-ci, en tous cas.

Nous sommes dans un cul-de-sac. Les quelques militants qui font confiance à la communauté scientifique, mais contre la brutalité du gouvernement dans le gestion de l’épidémie sont bloqués. Le 12 juin, les membres du Tangue et quelques autres manifestaient pour la défense de nos libertés ; s’il fallait y retourner aujourd’hui, ce serait donc aux côtés des Lalanne, De Villiers, Filippot ou Dupont-Aignan.

Terrible, qu’on vous dit.

La rédaction du Tangue

 

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