Qu’on nous laisse être des imbéciles

Vous ne savez pas ce qui est bon pour vous, bande de truffes. Plus tard, vous nous remercierez. Au Tangue, on considère que la démocratie, c’est aussi le droit de se tromper. Oui, laissez-nous donc être des imbéciles.

 

Le peuple, on a beau chercher, on ne sait toujours ce que c’est. Dedans, y a du bourgeois, du prolo, du chômeur, du patron, les intérêts sont différents, ça ne rime donc à rien, de parler de “peuple“, comme on a entendu hier chez les députés de gauche et d’extrême-droite. Nous parlerons donc de “citoyens” ou “habitants“, poils aux dents. 

Selon différents sondages, donc, les habitants de la France étaient contre la réforme des retraites. Et largement, en fait. Il n’y a pas eu de référendum, mais, ça va, les représentants de ces habitants sont là pour transmettre leur voix. On ne saura jamais si le vote contre cette réforme aurait gagné : le gouvernement a choisi de ne pas faire voter nos représentants élus, à la base, pour ça. On ne fera pas les malins avec cette histoire de “49-3“, tout le monde en parle comme s’ils étaient experts en droit constit’, pas nous. Ce qu’on dira, c’est juste que la Première ministre a choisi de ne pas faire voter les députés, pour valider sa réforme en utilisant les moyens légaux à sa disposition. Bon, bon.

L’argument ? Cette réforme serait “essentielle” pour maintenir notre système de répartition à flot, il ne faut pas prendre le risque que ça ne passe pas, les enjeux économiques seraient trop importants, et repousser l’âge de départ est la seule solution. Et vous savez quoi ? Soit. Ok. Au Tangue, on veut bien le croire. Ok, Elizabeth, t’as raison.

Eh ben, c’est pas problème. Dans une démocratie, on a aussi, surtout, le droit de se planter. C’est comme ça. Cette réforme est essentielle, et nous, on n’en veut pas ? Ben laissez-nous aller dans le mur, alors, si c’est ce qu’on veut collectivement. Si on est tous trop cons pour prendre de bonnes décisions ensemble, eh ben, soit, soyons tous trop cons. Ce sera pas la première fois.

 

Vous êtes bien sympathique, Dolorès.

 

Sauf que : il manque un paramètre, dans cette affaire. Un truc tout bête, qu’on appelle l’information : dans une démocratie, les citoyens prennent de bonnes décisions quand ils sont correctement informés. Et là, badabim : c’est bien de l’information sur cette réforme, que le gouvernement nous a refusée pendant des semaines, mentant sur les sommes, les bénéficiaires, les âges, tout et n’importe quoi. Il a fallu finalement se tourner vers des experts, qui démontaient tous l’utilité du bouzin. Au final, au Tangue, il nous a semblé que les citoyens avaient plutôt une bonne idée de ce qu’était cette réforme. Borne et Macron pensent qu’on se trompe ? Ok. Laissez-nous nous planter, si c’est ce qu’on veut. Chiche.

Dans L’Attaque des Clones, Anakin défend le despotisme éclairé. Il n’y aurait pas de mal à laisser les pouvoirs a une personne qui saurait ce qui est bon pour ses concitoyens, augurant l’arrivée de l’Empire avec Palpatine à sa tête. Qu’on ne nous fasse pas dire que nous sommes en dictature, c’est faux, on ne pourrait pas écrire ce que nous sommes en train d’écrire, en ce moment.

Mais on a beau chercher, on ne sait pas comment appeler un pays qui a comme président une personne qui choisit pour toutes les autres, quitte à faire raconter n’importe quoi à ses sbires (1), avec une bonne partie de la presse pour passer les éléments de langage, et envoyer les flics tabasser les récalcitrants. Ah si : on appelle ça la France, mademoiselle. Et pas n’importe laquelle : la France de Emmanuel Macron.

La rédaction du Tangue

 

  1. Faut quand même réécouter le discours d’Aurore Bergé, hier, qui imagine un gouvernement avec “Charles de Courson en Premier ministre, Marine Le Pen à Bercy, Mathilde Panot à l’Intérieur.” On avait rarement entendu quelque chose d’aussi idiot.

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