Huguette Bello : “Une formation “punch et cake aux olives””.

Le Tangue a (presque) obtenu un entretien exclusif avec Huguette Bello qui vient d’être élue à la présidence de La Région, dans son nouveau bureau à la Pyramide inversée.

 

Bonjour madame Bello. Dites, vous auriez pas une chaise ? On ne va pas faire l’interview debout…

“Je ne sais pas quoi vous dire. On est arrivés ce matin, y avait plus un meuble, plus un ordi, plus une ramette de papier… Il restait juste une armoire, avec les plans du Tram-train dedans.

 

Attendez… Et les papiers de la compta ? Et les contrats de travail ?

Rien, je vous dis ! (Un téléphone sonne) Ah, si, ils nous ont laissé un téléphone, tiens. Allo ? Si une certaine Coco a bossé ici ces dernières années ? Mais j’en sais rien, moi ! (Elle raccroche). Voilà, ça n’arrête pas depuis trois jours, des patrons qui essaient de vérifier les CV qu’ils reçoivent depuis lundi. 

 

Ah, parce que vous avez viré tout le monde, en plus ?

Dites, moi aussi, j’ai des gens à caser. Et vu comment j’ai ratissé large, va y avoir du monde autour des photocopieuses.

 

Vu la teneur de votre discours, dimanche soir, on se disait qu’un vent nouveau allait souffler sur La Réunion…

Je serai la présidente de tous les Réunionnais“, ça claque, non ? Tu fais des références à l’esclavage, tu causes un peu créole, et voilà, tu vois plus Huguette, tu vois Toussaint Louverture…

 

Oui, enfin, le “Je serai la présidente de tous les Réunionnais“, c’est piqué à Chirac, ça fait pas trop émancipation, ni même lutte des classes…

Lutte des quoi ?

 

C’est vrai que dans votre programme, il n’y a pas grand chose de révolutionnaire, si ?

Dans mon quoi ?

 

Votre programme (nous lui montrons ses propositions, sur notre tablette)…

Ah, oui, ça… Bon, on a bricolé ça vite fait avec les militants. Non, la stratégie, c’était un, éliminer Bareigts au premier tour. Deux, éliminer Robert. Et pour ça, t’as pas besoin de programme. T’as juste à démonter Bareigts sur le terrain, loin des micros, puis attaquer Robert devant les médias, ensuite. (S’adressant à une collaboratrice) Tu as pensé à envoyer une corbeille de fruits à Michel Fontaine ?

 

Mais sinon, vous avez un programme ?

Mais on s’en fiche, du programme ! C’est pas le programme qui donne envie aux Réunionnais de voter pour vous ! Je connais mon pays, monsieur !

 

Ah non, vous n’allez pas recommencer !

Oui, il faut que je me calme.

 

Bon, si vous n’avez pas de programme, vous avez peut-être des projets ? La NRL ?

Vous m’avez entendue, dans les débats. On va la finir.

 

Oui, d’accord. Mais comment ?

On va la finir.

 

Ah… Euh, la continuité territoriale ?

On va la fi… Euh, on va demander à l’Etat de raquer.

 

Les aides à la presse ?

On va les fi… Euh. On va demander à l’Etat de payer. Il faut que Le Quotidien ait droit aux aides publiques que tous les journaux français touchent.

 

Et le JIR ?

Vous savez à qui vous parlez, là ? Je suis Huguette Bello. Le JIR, ils me tirent dans les pattes depuis des plombes, vous croyez pas que je vais filer un kopeck à Tillier, non ? Moi, je suis rancunière, demandez donc au petit Olivier, au Port… Le JIR, il pourra aller se brosser. 

 

D’autres projets ?

On sait même pas ce qu’il y a dans les caisses… La DRH a pris un billet aller pour les Seychelles, et le comptable s’est barré sur le Marion-Dufresne… J’aimerais bien vous promettre des choses, mais là, c’est compliqué. On ne sait même pas s’il y a des sous pour le buffet du cocktail d’intronisation de vendredi. Du coup, avec les membres de la liste, on est en train de suivre une formation “punch et cake aux olives“. Patrick Lebreton est d’ailleurs très doué.

 

Vous êtes la seule présidente de région communiste, en France. Ça change quoi ?

Oh, vous savez, maintenant, le boulot principal des régions, c’est de distribuer les fonds européens… On va saupoudrer deux ou trois trucs vaguement de gauche, comme les aides aux Scop, les monnaies locales ou les circuits courts, mais faut pas rêver : dans cinq ans, y aura toujours autant de pauvres et d’illettrés.

 

On a lu, quand même, que vous souhaitiez rendre les Cars jaunes gratuits pour tous ?

(A un collaborateur) C’est vrai, ça ? On a écrit ça ? (Le collaborateur confirme) Bon, ça, on verra, hein. Et puis, avec le Réunion Fast Rail…

 

Quoi ? C’est quoi, ça ?

Oh, ça, c’est un nouveau projet, qui va nous permettre de relier les villes réunionnaises entre elles grâce à un transport ferroviaire.

 

Ouais. C’est le Tram-train, ça, ou le Run Rail…

Ecoutez, on a mis des plombes à trouver ce nom, le Réunion Fast Rail, et ça n’a rien à voir. Absolument rien à voir.

 

Beaucoup d’élus craignent apparemment de travailler avec vous. Il paraît que vous êtes un peu autoritaire.

Vous dites n’importe quoi. Je ne me suis jamais disputée avec quelqu’un qui était d’accord avec moi.”

 

Propos (presque) recueillis par Le Tangue

 


Cette interview est une parodie. Tous les propos tenus sont inventés, et toute ressemblance avec la réalité ne saurait être que fortuite.