Jacques Billant : “Si vous faites pas de septaine, je vais me fâcher tout rouge !”

Le Tangue a (presque) interviewé le préfet Jacques Billant afin de discuter de sa stratégie pour limiter la propagation du virus Sars Cov-2 et de ses variantes à La Réunion. 

 

Monsieur le préfet, vous avez annoncé vendredi une septaine pour les voyageurs arrivant à La Réunion, avec “obligation morale et physique”. Ça veut dire quoi ?

“Que si vous faites pas votre septaine, je vais me fâcher tout rouge ! 

 

Il n’y a donc pas d’obligation ?

Si, si. Quand ils auront pris conscience qu’ils auront une obligation morale et physique, je suis sûr que les voyageurs vont vraiment beaucoup culpabiliser, qu’ils auront honte de sortir acheter des clopes ou d’aller boire un mojito framboise au Planch’ Alizée. Les touristes arrivent d’un pays confiné où il gèle ; ici, il fait 35°C, la mer est chaude, le soleil brille, mais je n’ai aucun doute qu’ils sauront être responsables et s’enfermeront dans leur studio à Saint-Gilles loué à 1000 euros la semaine sur Airbnb.

 

Dites donc, quand vous prenez des mesures, vous, ça rigole pas !

Je suis comme ça. L’autre jour, j’ai pris une barquette au Barachois, le vendeur a oublié de me rendre la monnaie sur mon billet de cinquante, je lui ai fait des gros yeux, vous auriez vu ça… Je rigole pas, moi. Je suis un fou !

 

Pour en revenir au Covid… Vous ne croyez pas qu’elles arrivent un peu tard, les mesures ? Les “motifs impérieux”, obligatoires pour rentrer à La Réunion, ils concernent finalement tous ceux qui étaient en vacances et qui vont rentrer dans les jours qui viennent… Ça ne va pas changer grand chose, non ?

Vous vous trompez. Je m’y connais : dans une autre vie, j’étais plombier, je colmatais les fuites avec de la pâte à modeler.

 

Et ça marchait ?

Je suis devenu préfet.

 

Pourquoi ne pas avoir pris ces mesures avant les fêtes, finalement ? Le variant britannique a été détecté en novembre, le Sud Af’ en octobre…

C’est pas vous qui recevez des coups de fil de l’IRT, des compagnies aériennes… On a battu des records d’arrivées sur le territoire en décembre, les mecs étaient bien contents. Et puis y avait Paris, aussi, qui arrêtait pas d’appeler…

 

Paris ? Mais qui ?

Mais le ministère ! J’ai eu un type, au cabinet du ministre, qui me dit : “Ecoute, ici, les Français sont au fond du trou, faut leur trouver une occupation. On pourrait pas vous en envoyer deux ou trois, histoire de les détendre un peu ?” Le mec suppliait, il me faisait de la peine. Alors, j’ai dit OK. Vous vous rendez compte, les Outremer, on a sauvé les vacances de tous ceux qui n’ont pas pu aller faire du ski ! Les malheureux, heureusement qu’on était là…

 

Du coup, on risque quand même de voir notre nombre de cas augmenter, non ? Les chiffres commencent déjà à remonter…

Et alors ? Les hôtels ont rempli leurs caisses, on va pouvoir reconfiner tranquillou. C’est pas deux ou trois pauvres au chômdu qui vont être enfermés dans leurs petits apparts du Chaudron qui vont nous prendre la tête, non ? On leur mettra des amendes de 135 euros dans les gencives, ça va les calmer. 

 

Du coup, vous allez peut-être mettre un gros coup de collier pour vacciner tous les Réunionnais rapidement ?

Oui, oui. J’ai fait un Skype hier avec Castex, je lui ai fait les gros yeux. Il m’a promis que tout serait réglé en 2024. Vous voyez, avec moi, ça rigole pas !”

 

Propos (presque) recueillis par Le Tangue

 

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Cette interview est une parodie. Tous les propos tenus sont inventés, et toute ressemblance avec la réalité ne saurait être que fortuite.