“Ce virus, c’est pas la peste du Moyen-Âge”

 

un lecteur nous a fait parvenir l’interview du professeur Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, réalisée par le Journal international de médecine, à propos du Covid-19. Nous vous conseillons de prendre un quart d’heure pour l’écouter : on a ici l’avis d’un expert du sujet, qui, à l’aide d’études scientifiques, explique à quel point il faut se calmer un peu avec un virus à propos duquel il n’y a pas lieu de faire une montagne. Ce genre de propos serait plus souvent relayé, on arrêterait d’emmerder les pauvres croisiéristes au Port.

Nous avons même recopié la fin de son intervention :

On a parlé beaucoup trop tôt d’une pandémie. On a parlé de pandémie à un moment où y avait pas de pandémie. On parle d’épidémie en France à un moment où y avait même pas de nouveaux cas en France depuis une dizaine de jours. Je ne dis pas que ça va pas survenir, mais aujourd’hui, on peut difficilement parler d’épidémie alors qu’on n’a même pas de cas nouveaux en France. Il ne faut pas aller plus vite que la musique. Quand vous avez une épidémie où vous avez très peu de cas symptomatiques, comment voulez-vous arrêter les malades qui n’ont rien ? Ils ne sont même pas malades ! On ne peut même pas les repérer ! Donc on ne peut pas les isoler. Donc on ne peut pas les dépister. C’est pas possible.

Ça a marché pour Wuhan, parce que évidemment, quand les gens ne sortent plus de chez eux, le virus ne se transmet plus. Mais ça n’a pas empêché l’épidémie d’être diffusée ailleurs. Aujourd’hui, y a des cas dans toute la Chine. Ça n’a pas empêché l’épidémie de diffuser ailleurs. Au contraire : il y a des gens qui savaient que Wuhan serait fermé, et y a des études qui disent que cinq millions de personnes auraient quitté Wuhan dans les quarante-huit heures qui ont précédé la fermeture de la ville. Parmi eux, des milliers de malades, probablement, qui se sont répandus partout en Chine. En décrétant la fermeture de la ville, ils ont peut-être accéléré la propagation de l’épidémie. 

À titre d’enseignement, cette épidémie survient dans un contexte de surchauffe généralisée. Cela va entraîner des difficultés économiques majeures, avec un impact très important sur le tourisme. Mais au final, ce sera un bienfait écologique pour la planète. Ce drame économique, associé à ce bienfait écologique, n’est rendu possible que par les réactions au virus. Pas par le virus lui-même. Ce virus, c’est pas la peste du Moyen-Âge, clairement. Donc c’est les réactions des politiques à ce virus émergent, pas très grave, qui par une cascade de décisions, va aboutir à une crise économique probable, doublée d’un bienfait écologique.

L. C.