Chicaud n’en démord pas

Alors que les organisateurs de grands événements sportifs renoncent les uns après les autres face au coronavirus, et dans le monde entier, il en est un qui s’entête jusqu’à l’absurde. C’est évidemment notre Robert Chicaud national (ou régional, restons modestes). Le patron du Grand Raid l’a de nouveau expliqué mardi à nos confrères d’Imaz Press, “absolument pas question” d’annuler l’édition 2020. Tant pis si la courbe du nombre de cas journaliers s’affole depuis dix jours à La Réunion, l’avocat fait l’autruche : “Le comité directeur que je représente n’a pas mis cette problématique à l’ordre du jour.” Dit autrement : “Le Corona-quoi ? Je ne sais pas de quoi vous parlez… C’est un nouveau sponsor ? Combien ils proposent ?

Bref, le patron du Grand Raid continue de penser que 1500 coureurs de l’Hexagone et d’ailleurs pourront se joindre aux concurrents locaux pour galoper dans Mafate comme si de rien n’était. On a hâte de compter les cas du cluster de Saint-Pierre, quelques jours après le départ… Et ne comptez pas sur l’organisateur pour faire appliquer les “fortes” recommandations de l’ARS. Lorsqu’Imaz Press lui demande s’il demandera aux raideurs de se plier au test à J+7, l’avocat balaie d’un revers de manche, bien installé dans sa robe professionnelle : “Le deuxième test est facultatif. Je ne vais pas dire aux compétiteurs qu’ils doivent se soumettre à quelque chose qui est facultatif, ce n’est pas de mon ressort.”

Robert Chicaud, dont c’est aussi le métier, se cache ici derrière la loi. Clairement, ne pas conseiller le deuxième test à ses invités relève franchement de l’inconscience ou de l’incivisme, peut-être des deux. Nos amitiés aux centaines de voyageurs réunionnais de retour au pays qui s’en vont poireauter une heure ou deux pour se faire fouiller douloureusement les narines. 

On attend donc avec impatience la réaction de l’Etat aux bravades de l’avocat en baskets. Et les commentaires des médecins-réanimateurs locaux. Remarquez, le principe de responsabilités a un avantage considérable. S’il n’interdit pas la course, en cas de catastrophe sanitaire fin octobre, le préfet pourra toujours se mettre un Chicaud sous la dent.

A. R.