Mon livre préféré ? Zadig & Voltaire

 

Ah, en ce moment, ça beugle pour “la liberté de la presse” parce qu’un imprimeur n’a pas voulu imprimer un journal, sur fond de bagarre d’égos entre deux patrons. En attendant, au Tangue on se marre bien doucement face à ces envolées lyriques, puisqu’on attend toujours le moindre petit papier sur notre procès – gagné – contre Burger King, qui a tenté de nous faire taire en nous infligeant une procédure bâillon qu’il a finalement perdue. Malheureusement, les grands défenseurs de la liberté d’expression actuels, politiques et confrères dans le même sac, ont malencontreusement oublié d’évoquer la bataille pour “la liberté d’expression“, aussi, de votre seule petite bête à piquants. Oui, on se marre bien doucement : la “liberté de la presse” avancée par Jacques Tillier est surtout la sienne, et Le Tangue vous a déjà dit ce que ça valait.

On se marre, aussi, à la lecture des réactions de quelques politiques – surtout celle, trollesque, de Jean-Pierre Marchau – et de cette tarte à la crème réutilisée ad nauseam.

 

“”Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.” La célèbre phrase attribuée à Voltaire résume à elle seule l’un des fondement de notre république.”

Jean-Hugues Ratenon et Perceval Gaillard

 

“Comme le disait Voltaire : “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.””

SAFPTR

 

“Pour notre part, laissons-nous guider par la voix de Voltaire qui a dit : “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.””

Olivier Hoarau

 

Et le JIR, dans un article récapitulant ses soutiens (et égratignant au passage celles et ceux qui, les salopards, ne se sont pas prononcés), en rajoute une couche, remarquant que certains “citent la phrase attribuée à Voltaire“.

C’est vrai que ça marche pas mal, cette citation, bien utile pour avoir l’air magnanime et se la péter devant ses copains. Un peu comme Einstein avec ses abeilles quand on veut avoir l’air écolo.

Sauf que ce pauvre Voltaire n’a jamais dit ça. Et si ces mots ont en effet été “attribués” à Voltaire, eh ben c’est une connerie, puisque les spécialistes du philosophe ont eu beau chercher, depuis des années, ils n’ont jamais retrouvé la moindre trace de cette phrase, en fait inventée par une de ses biographes, au début du XXe siècle.

Le pire, encore, c’est que selon des historiens, elle ne résume pas vraiment la pensée du philosophe. Par exemple, Voltaire a tout fait pour censurer le journaliste Fréron, au XVIIIe, qui écrivait de violentes diatribes contre lui. D’abord en écrivant une pièce de théâtre pour ridiculiser Fréron, puis en usant de son influence auprès du gouvernement pour faire interdire de parution son journal, L’Année Littéraire. Mais, ça rappelle quelque chose, ça, non ?

L. C.

 

 


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