C’est pas de l’art, c’est du porno !

Après Bardot, voilà que La Réunion s’enflamme pour des textes que des profs de la fac ont donné à traduire à leurs étudiants. Le problème ? Ces textes évoquent des scènes porno et pédophiles. Et ?


Le Tangue est pour l’instant gratuit pour vous, mais pas pour nous. Vous pouvez nous aider tout de suite en nous soutenant ici.


 

Au départ, Le Tangue ne comptait même pas en parler, de cette histoire de profs d’espagnol qui ont donné à traduire à leurs étudiants (majeurs, s’ils sont étudiants) des textes pornos, et dénichée par Zinfos974 puis reprise par les autres confrères. D’abord parce que ça nous faisait marrer, puis parce qu’on imaginait les étudiants en question le soir devant youporn à ne pas comprendre le problème, et surtout parce qu’on s’en fichait pas mal. Et puis, l’Université a annoncé vouloir porter plainte contre les profs, avant de se rétracter, sans que les profs en question n’aient jamais eu le droit de s’expliquer. Bref, un beau bordel, qui nous a donné envie d’en savoir un peu plus.

Nous avons donc essayé de retrouver l’origine des deux textes proposés par les profs aux élèves (ils sont lisibles en cliquant sur le premier hyperlien). L’histoire du petit enfant et du Père Noël, Conte de Noël, est un texte de Roland Topor, issue d’un recueil de nouvelles intitulé Four roses for Lucienne. Topor est un artiste français (oh, et puis, allez voir la page wikipedia, hein) que Le Tangue connaissait au moins pour sa participation à Hara-Kiri et Téléchat. Pour résumer, Topor, c’est de l’humour noir, parfois même franchement barré. Le Conte de Noël est une œuvre de Topor, et on n’en est pas plus étonnés que cela.

Le second texte a été écrit par Guillaume Dustan, et est issu de son roman Dans ma chambre. Dustan était un auteur français, mort dans les années quatre-vingt-dix d’une intoxication de médocs traitant sa séroposivité, et connu justement pour son travail sur l’homosexualité. Les passages crus de ce texte sont à ce propos assez éclairants. D’ailleurs, Le Tangue a mis la main sur un mémoire rédigé pour l’Université de Montréal qui s’intéresse justement à l’œuvre de Dustan, le situant comme un auteur majeur de la littérature gay de la fin du XXe siècle.

Là où Le Tangue veut en venir, c’est que nos profs d’espagnol n’ont rien fait d’autre que de donner des passages d’œuvres littéraires à traduire à leurs étudiants. Et qu’ils ne sont pas obligés de toujours tirer leurs textes des œuvres de Victor Hugo ou de Jacques Prévert. Que la pornographie fait partie de l’art, à moins de couper certaines scènes de La Vie d’Adèle, de brûler l’œuvre du Marquis de Sade, de pixelliser L’Origine du Monde. Et on ne parle pas des Hubert Selby Jr, Chuck Pahlaniuk, Bret Easton Ellis, auteurs américains majeurs du XXe, dans l’œuvre desquels viols, tortures et autres joyeusetés se succèdent.  Et, tiens, en fouillant dans sa bibliothèque, Le Tangue vient de mettre la main sur ça :

 

  Con large comme un estuaire
Où meurt mon amoureux reflux
Tu as la saveur poissonnière
L’odeur de la bite et du cul
La fraîche odeur trouduculière
Femme ô vagin inépuisable
Dont le souvenir fait bander
Tes nichons distribuent la manne
Tes cuisses quelle volupté
Même tes menstrues sanglantes
Sont une liqueur violente
La rose-thé de ton prépuce
Auprès de moi s’épanouit
On dirait d’un vieux boyard russe
Le chibre sanguin et bouffi
Lorsqu’au plus fort de la partouse
Ma bouche à ton noeud fait ventouse.  

 

C’est écrit par Guillaume Apollinaire. Et c’est sûrement aussi très joli en espagnol.

Le Tangue

 

Bonus (à 12h10) : On avait oublié de vous montrer ce passage du communiqué pondu par la direction de la fac, suite à cette histoire : “Les étudiants qui en ressentent le besoin pourront s’adresser dès demain au service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé (SUMPPS).” Ces gens-là vivent dans un monde parallèle.