Les Zazalé répondent au JIR

Nous diffusons ici le droit de réponse des Zazalé, suite à un article paru dans le JIR le 28 mai. 

 

(Quelques explications du Tangue à la fin du droit de réponse, ce qui fera office d’édito)

 

“Journal de l’île de la Réunion”,

Chers désinformateurs

Tout d’abord, c’est un grand honneur d’avoir bénéficié de 3 pages et plus encore, d’avoir fait la Une de votre journal le jeudi 28 mai 2020. C’est avant une action de solidarité prévue devant l’église du tampon, où fruits, légumes, café, boutures, linges…etc sont offerts gratuitement aux passants et aux personnes dans le besoins ; que nous découvrons “notre propre histoire” dans un article de deux pages.
Selon la déontologie du journalisme, l’écriture d’un article se doit d’être intransigeant sur la vérification par les faits et non pas se baser sur les “ladilafé”. Le journaliste doit user de la liberté de la presse dans une intention d’intérêt général et non dans l’interêt de quelques individus. Faire valoir votre intérêt personnel à travers un article diffamatoire au lieu d’utiliser la liberté de la presse dans l’intérêt générale en donnant des informations qui permettent aux lecteurs de se forger leurs propres jugements, voilà ce que vous avez fait.
Mme XXX, “journaliste”, n’à jamais pris la peine de venir à notre rencontre, sur le terrain, afin de rédiger son article en toute transparence et avec de vraies informations venant de l’intérieur.
C’est tout de même un article sur le rond point des Zazalé…qui s’est fait SANS le rond point des Zazalé !
Vigilants nous sommes, face à la réputation bien connue des journalistes soudoyés.
Nous avons été souvent “trop bons, trop cons” et victimes de trahisons en déformant nos propos.
Heureusement, la page sur nous faîte avec nous qui était à la suite, nous a redonné foi dans ce qu’est le vrai rôle d’un journaliste.
Il est venu plusieurs fois sur place, contribuant à établir un respect entre lui et la communauté, une première fois en “Ronkozé”  afin d’exposer son projet d’article et de répondre à nos questions avec prudence avant chaque entrevu médiatique : “Allez-vous vraiment retranscrire nos idées avec nos mots ?”, “Vous à t-on envoyé pour parler de notre illégalité et de notre apparence extérieure ou pour relater ce que nous faisons et ce que nous sommes ?”.
Bref, à croire qu’ils sont plus forts pour poser des questions que pour y répondre !
S’interroger sur les intentions d’un inconnu (qu’il soit journaliste, politique ou SDF) fraîchement débarqué dans un lieu où la communication est le seul mot d’ordre, vous appelez ça de la propagande…alors autant vous dire qu’avec vos éditos et tout le reste vous baignez littéralement dans le prosélytisme par la désinformation.
Comme Obélix, vous êtes tombés dedans quand vous étiez petit ?
Et le pire c’est qu’on vous paye pour ça !

Les Zazalé

 

Le reste du droit de réponse est lisible ici : 

 

Télécharger (PDF, 1.61Mo)

 


 

 

Mais qu’est-ce que ça fout là ?

Le Tangue n’est pas un habitué du rond-point des Azalés, mais on y a foutu les pieds quelques fois. Pour dire bonjour, écouter ce qu’il s’y raconte et, finalement, discuter de journalisme. On s’est même fait payer à bouffer, et on y a bu deux ou trois cafés. On s’est donc à chaque fois retrouvés à discuter de notre métier, notamment dans un des ronkozés organisés les soirs, des espaces de discussion où tout le monde s’exprime, s’écoute, et dans lequel on s’en est parfois pris plein les dents. Faut dire aussi qu’on fait des erreurs, dans notre taf. C’est bien, d’en parler. Et d’écouter ce que les lecteurs en pensent ; après tout, c’est pour eux qu’on écrit.

La dernière fois qu’on a fait un tour chez les Zazalé, c’était en juin. On était dans le Sud pour autre chose, on est allés les saluer. Le JIR venait de sortir plusieurs articles sur le rond-point et ses occupants, qui auraient “cambriolé les poubelles” d’une grande surface. Le 28 mai, une enquête consacrée aux “Derniers Gilets Jaunes” était diffusée en deux parties. La première, sur deux pages, s’attardait sur l’illégalité de l’occupation du rond-point et les craintes de quelques voisins (Le Tangue a pu discuter avec d’autres riverains qui, au contraire, soutiennent le mouvement), le deuxième, sur une page, s’intéressait au fond du mouvement.

On va être clairs : l’article du JIR, l’angle choisi, Le Tangue s’en fiche royalement. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’un rond-point, c’est moche ; que s’en servir comme lieu d’échanges pour débattre, créer du lien et faire pousser des herbes à manger, ça rend le bidule moins inutile. Dans “espace public“, il y a “public” ; jusqu’à preuve du contraire, et à notre connaissance, personne ne s’est jamais fait refouler des Zazalé.

Lors de notre passage en juin, donc, plusieurs membres des Zazalé nous ont confié s’être sentis blessés du traitement par le JIR de leur mouvement, et notamment par ces deux pages du 28 mai, qu’ils ont jugées à charge. Nous leur avons fait remarquer qu’il existait, dans l’arsenal législatif, un truc utile lorsqu’on se sent attaqué dans un article de presse : le droit de réponse. La Région s’en sert bien, pourquoi pas eux…

Nous aurions alors pu, à l’époque, faire un article sur le sujet, sur le traitement globalement à charge des “Gilets jaunes” et autres mouvements alter dans les médias locaux… Nous ne l’avons pas fait : Le Tangue est indépendant, il n’a pas à soutenir un mouvement plus qu’un autre, quand bien même sa ligne éditoriale se rapprocherait des idéaux de ceux-ci.

Le 2 septembre – oui, les mecs ne sont pas hyper pressés – l’ensemble des rédactions locales a reçu finalement le droit de réponse des Zazalé à l’article du 28 mai du JIR. Il a été inséré dans le journal du rond-point, Lo pèp, daté du 28 août.

Légalement, un droit de réponse, pour être diffusé dans un journal, doit parvenir trois mois au plus tard après la parution de l’article litigieux. Les rédactions locales, dont le JIR, l’ont reçu quelques jours trop tard : rien ne les obligeait donc à le faire paraître. Ce qui, d’ailleurs, et selon nos constatations, n’a pas été le cas, ni au JIR ni ailleurs. Ou alors, cela nous a échappé.

Au Tangue, nous avons malgré tout choisi de le diffuser. Et pas que pour emmerder le monde : pour nous, les Zazalé ont des choses à dire, et ils méritent d’être lus et écoutés ailleurs que sur les réseaux sociaux. Nous n’avons aucun avis sur le texte diffusé ci-dessus, dont nous avons seulement modifié les guillemets et caché le nom du journaliste incriminé. Nous n’avons rien corrigé, et nous sommes bornés à vérifier qu’il respectait le cadre légal de diffusion d’un article, ce qui est le cas.

Dans ce texte, les Zazalé se posent de vraies questions sur le métier de journaliste. Des questions qu’au Tangue, nous nous posons régulièrement : comme pour n’importe quel métier, il est souvent salutaire d’être remis en question. Ecouter ce que les Zazalé ont à nous dire, c’est faire preuve d’humilité. Faut arrêter de les prendre pour des cons.

La rédaction du Tangue

 

Erratum (le 10/09 à 9h30) : Selon plusieurs sources consultées par Le Tangue, le droit de réponse des Zazalé est en fait parvenu au JIR avant le 28 août. 

Erratum (le 11/09 à 17h30) : Le droit de réponse complet au JIR est en fait le journal Lo Pèp en entier. Lors de la publication de notre article, nous n’avions diffusé que l’édito ; Lo Pèp a donc été inséré à la suite de la retranscription de l’édito.

 

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