Mort aux gouzous

Pour finir l’année, on se fait une autre idole pays, après Monseigneur Aubry, Dimitri Payet ou Tonton David : l’omniprésent Jace et son gouzou au charisme de bulot.

 

Tu veux prendre l’avion ? Des gouzous. Te renseigner sur les horaires de la piscine du Port ? Des gouzous. Te poser tranquille, chez toi, en te matant une petite vidéo complotiste ? Encore des gouzous. Bordel, même en partant bosser le matin… Ras le cul, des gouzous.

 

C’est déjà pas assez triste de vivre dans un immeuble HLM, faut en plus imposer aux locataires du Jace sur la façade.

 

Jean-Michel Instagram, il est content. Il est venu en vacances, et a pris des photos de gouzous, parce que c’est vraiment typique de La Réunion, le gouzou. Il l’a vu sur l’affiche du Grand Raid. Typique comme le dodo. Sauf que des dodos, y en a jamais eu ici, et des gouzous, y en a partout dans le monde. Imagine-toi aller en Californie te prendre en photo à côté d’un MacDo.

Le gouzou, c’est donc ce personnage au charisme de bulot, qui n’aime pas la guerre et préfère la paix. Qui préfère sûrement la nature à la pollution, est contre les petits enfants qui meurent de faim. Un petit truc bien consensuel, un peu rigolo, pas bien méchant, parfait pour honorer des commandes publiques et vendre des cahiers de coloriage aux enfants.

Et quand il sort de son rôle de neuneu, le gouzou prend les traits d’un gourou savant de Marseille complotiste et falsificateur de science, pourtant honoré d’une couronne sur la tête par son créateur. Une peinture posée alors qu’on savait déjà que Raoult racontait n’importe quoi sur la chloroquine. Que Jace a défendue, sous-entendus complotistes en prime :

 

Ce post a très mal vieilli.

 

Le gouzou qui défend la chloroquine, les antivax, ça les a fait frétiller. Jace, c’est quand même plus classe que Bigard. Ça n’empêche pas tout ce que La Réunion compte de collectivités ou de sièges de sociétés fortunées de vouloir son gouzou. S‘en payer un, c’est comme le Cayenne garé sur le parking, ça montre aux autres que t’es blindé. Les mecs n’achètent plus l’œuvre d’un artiste, mais un truc branchouille et coté. Le gouzou, ce symbole du street art chic chez des riches qui n’y connaissent rien. Un peu comme le premier rang d’un concert des Stones pour le rock ou la corbeille du Parc des Princes pour le foot. T’es Réunionnais, t’as cinquante ans et t’as pas ton gouzou ? Mais t’as raté ta vie, mec.

Ras le bol, des gouzous. De ce petit personnage cucul et concon qui symbolise désormais une Île qui crève de son chômage, de ses problèmes de santé, d’environnement et de ses fachos. Ras le bol de ces pouvoirs publics qui ne bavent que devant du Jace pour leurs bâtiments en oubliant la flopée d’autres artistes talentueux. Mort aux gouzous.

La rédaction du Tangue

 


Le Tangue a besoin de vous pour vivre.

Cet article est gratuit, mais vous pouvez vous abonner pour lire les autres.

Ou filer un p’tit pourboire. Ou un gros, si vous en avez les moyens.