Bouygues – Vinci : “Faut pas nous prendre pour des cons”

Le Tangue a (presque) interviewé le “groupement” chargé de construire la digue de la Nouvelle route du littoral, composé de Bouygues et Vinci, des petites PME de province.

 

Alors, il paraît que c’est vous qui manipulez les transporteurs pour aller mettre le bordel à la Région ?

“Ben tiens. On n’a que ça à faire, t’imagines bien, de passer des coups de fil à Caroupaye. On a arrêté le chantier du démantèlement de Superphénix juste pour ça !

 

Oui, mais quand même, c’est la Région, qu’ils sont allés bloquer, et pas vous…

Tu m’étonnes : c’est nous qui les payons, ils allaient pas venir nous emmerder. Bon, sur ce coup-là, de toutes façons, y a pas vraiment de raisons de nous prendre la tête…

 

Ben quand même un peu, si : c’est bien à vous de trouver des cailloux pour la digue…

T’es quand même pas sérieux, là, si ?

 

Euh, on a cru lire ça…

Bon, alors, je t’explique. La Région, tout le monde lui disait, au départ, que construire une partie en digue, c’était complètement con. Regarde les études que t’as toi-même publiées, on savait déjà que ç’allait être la galère pour trouver des gros cailloux.

 

Oui, on en a beaucoup parlé au Tangue

Bon. Les mecs choisissent quand même de faire une digue, lancent un appel d’offres. On entre en jeu : on répond. On remporte. Et on nous dit “Oui, euh, vous inquiétez pas pour les cailloux, on va vous ouvrir des carrières, c’est prévu“, et patati, et patata. Ok, les mecs, démerdez-vous ! Nous, on les exploitera, vos carrières. Tu sais, nous, quand y a du blé à se faire…

 

Mais c’est pas à vous de vous débrouiller, pour trouver des cailloux ?

Petit indice : si c’était le cas, pourquoi l’État et la Région se prendraient le chou à essayer de réviser les plans des carrières ? Pourquoi la Région demanderait des études à la Safer sur les andains ? Faut pas nous prendre pour des cons. Nous, on savait depuis le départ que cette digue, c’était complètement débile. Mais y a un marché, on répond. On nous dit qu’on va exploiter des carrières, qu’on aura des cailloux. Et maintenant, y a pas de carrière, faut qu’on se démerde ? D’accord. Mais alors, faut nous filer plus de blé.

 

Vous auriez pu être un peu plus gentils…

Gentils ? Tu sais qui on est ? On bosse avec des dictateurs, on confisque les passeports des travailleurs au Qatar, on chope des marchés de plusieurs milliards dans les anciennes colonies, tu crois vraiment qu’on est du genre à faire des bisous ? Vous nous faites marrer, avec votre route… C’est pas pour nous la raconter, mais le Stade de France, on l’avait livré à l’heure. 

 

Et maintenant, on fait quoi ?

Oh, ben faites donc ce que vous voulez, nous, ça va, on a du boulot dans le monde entier. Au pire, y aura un nouvel appel d’offres pour la digue, on reviendra. Et je peux te dire que le jour où ce sera à nous d’en trouver, des cailloux, on va t’en trouver…

 

Comment ?

Oh, il doit bien y avoir un ou deux pays en Afrique qui seraient tous contents de nous en filer. À force de tout leur piquer, je crois, de toutes façons, qu’il leur reste plus que des cailloux, à ceux-là…”

Propos (presque) recueillis par Le Tangue

 


Cette interview est une parodie. Tous les propos tenus sont inventés, et toute ressemblance avec la réalité ne saurait être que fortuite.


 

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