David Mété : “Une fois, j’ai écouté une chanson de Brassens”

 

Monsieur Mété, en tant que chef du service “addictologie” du CHU, c’est toujours vous qu’on interroge lorsqu’il s’agit de parler de drogues. Vous avez d’autres passions, sinon ?

“J’essaie, mais c’est compliqué. La lecture ? Hemingway, Rimbaud, Houellebecq, que des pochetrons. La musique, n’en parlons pas, tous des camés : paraît que même Frédéric François, quand il vient aux Florilèges, il tape dans le Johnny Walker. Une fois, si, je dois vous le concéder, j’ai écouté une chanson de Brassens. Et en école de médecine, quand je sortais avec des amis, ils se moquaient de moi, avec mon Pago fraise, alors, j’ai arrêté – de sortir, pas de boire des Pago. J’aime bien regarder les documentaires sur les animaux de la forêt, sauf quand on y voit des champignons. 

 

Un peu de sport, quand même ?

Vous n’avez pas lu les dernières études ? Ils nous ont sorti la “bigorexie“, l’addiction au sport. Très peu pour moi. Et je regarde pas le Tour de France, ça me rappelle trop le boulot.

 

On vous voit toujours en photo assis, derrière votre bureau, avec votre blouse et tirant la tronche. C’est pas très foufou…

Et si je vous disais qu’en-dessous du bureau, je suis en slip et en savates deux doigts, ça vous étonnerait, non ?

 

Un peu…

De toutes façons, ce n’est pas vrai. Il m’arrive de mettre un jean, parfois, celui que m’avait offert ma mémé pour ma confirmation.

 

Vous rentrez encore dans votre jean d’adolescent ?

Oh, vous savez, quand on ne boit pas, qu’on ne mange pas de sucre ni de gras…

 

Non, mais il vous arrive bien de faire un écart…

Dimanche, j’ai bu une Radler.

 

Vous avez une blague à nous raconter ?

C’est l’histoire d’un Schtroumpf qui, court, qui tombe et qui se fait un bleu.

 

C’est nul…

Écoutez, moi, mon truc, c’est de dire à tous ces alcoolos, à tous ces drogués, d’arrêter leurs conneries. Vous imaginez pas le temps que ça prend, vu qu’il y en a partout et tout le temps : les boutiques, ces lieux de perdition, sont à chaque coin de rue ! Tiens, vous, par exemple, je suis sur que vous êtes un salaud de toxico.

 

Oh, ça va, hein, une ou deux bières de temps en temps…

Ça commence par une bière de temps en temps, et ça finit en cirrhose, en AVC, en crise cardiaque, en accident de la route… C’est ça, que vous voulez ? Tuer toute une famille qui rentre tranquillement en voiture ? Meurtrier ! Assassin d’enfants !

 

Calmez-vous…

Vous avez raison. Où sont mes cachous ?”

Propos (presque) recueillis par Loïc Chaux