Covid-19 : la course à l’échalote

 

En 2006, en pleine épisode du chikungunya, le directeur de la rédaction d’un média local débarqua dans la salle de rédac’ le poing serrée, puis en frappant dans ses mains : “Yes ! Ça y est, on a notre premier mort !” C’est bon, ça, coco, on est les premiers à annoncer le macchabée !

Aujourd’hui, avec l’épisode du Covid-19, on imagine toutes les rédactions sur les dents. La course à l’échalote : kiki c’est qui va annoncer le premier cas ? Le pompon pour le JIR peu avant 16 heures. Hélas, à vouloir à tout prix sortir un scoop, des fois, on se rate. Dans le métier, on appelle ça “faire une Xavier Dupont-de-Ligonnès“. C’est-à-dire balancer une info, sans trop la vérifier. Et c’est bien ce qu’a fait le JIR, en annonçant “une dame âgée testée positive”, une dame qui rentrerait tout juste de croisière. (Le JIR a effacé l’article depuis, mais le cache de Google n’oublie rien).

 

 

Branle-bas de combat chez les autres. Quelques minutes plus tard, Zinfos974 dément l’article du JIR, en expliquant que “Rien n’est confirmé“. Ça tourne à plein régime.

 

 

On notera le “il est beaucoup trop tôt pour annoncer s’il est positif ou pas“, envoyé dans les dents du JIR. Sauf qu’au même moment, la Préfecture publie un communiqué confirmant le premier cas positif au Covid-19 à La Réunion, une personne âgée, mais surtout… un homme de quatre-vingts ans qui rentrait des États-unis, et pas une femme croisiériste, comme l’assurait le JIR. Trois minutes plus tard, donc, Zinfos ne trouvait plus qu’il était “trop tôt” pour l’annoncer.

 

 

Le JIR, du coup, a rattrapé le coup aussi, avec la formule consacrée : “Contrairement aux premières informations qui nous sont arrivées, il ne s’agit pas d’une femme qui rentrait de croisière, mais d’un homme de 80 ans qui revenait des Etats-Unis et était passé par Paris avant de retourner à La Réunion.

C’est tellement génial qu’on a hâte d’assister au traitement médiatique du premier mort à La Réunion. On sort les pop-corns. 

L. C.