On va tous crever !

C’est bien mignon, toutes ces histoires de municipales, de machin qui soutient bidule, de truc qui va se présenter ou pas… Tant que la seule préoccupation qui vaille, celle de l’environnement, se contentera de changer la matière des barquettes, l’avenir de La Réunion sera dans la mouise.

 

 

On va tous crever, on va tous crever / C’est la fin du monde qui nous guette et nous on fait la fête ! / On va tous crever, on va tous crever / L’apocalypse nous attend et nous on fait la fête tout l’temps !” Il faudrait écouter plus souvent le philosophe Didier Super, en concert il y a deux semaines à La Réunion.

Il n’aura échappé à personne que nous sommes en période pré-électorale ; des messieurs-dames sont donc, en ce moment, en train de proposer leurs candidatures pour être maires. Ils se bouffent le nez, évidemment, s’allient, s’engueulent, se font interroger par la police ou font des pique-niques. C’est bien.

Le Tangue est comme ses confrères, il n’est pas plus, ni moins con : il en parle, de ce cirque. À quoi bon ?

Avant la fin du siècle, la mer aura monté d’un mètre, obligeant plusieurs dizaines de Réunionnais vivant près des plages à déménager (nous l’expliquons ici). Les cyclones, pas forcément plus nombreux, seront en revanche plus dévastateurs. Chaque année, 500 hectares de La Réunion sont bétonnés, favorisant les inondations dans les Bas et mettant en danger de nombreuses espèces animales et végétales. La question de la gestion des déchets se résume à la construction d’un incinérateur ou non. Pendant ce temps, Nassimah Dindar annonce être soutenue par LREM. Ouf !

En matière d’environnement, les maires ont pourtant des compétences et peuvent prendre des mesures. Faut pas se leurrer, vu ce qui nous attend : elles doivent être radicales. Pas très vendeuses pour les élections, certes : réduction drastique des permis de construire, respect total de la loi-littoral, développement des transports en commun, enquête systématique sur les dépôts sauvages, interdiction totale des sachets plastiques… Entend-on ce genre de propositions ? Non. Il va pas être content, le père Grondin. Trop con, le père Grondin.

Pour les candidats, l’avenir de La Réunion se résume à l’avenir économique, à l’emploi. Augmentation de la fréquentation touristique, création d’hôtels ou de golfs à Sainte-Marie, agrandissement de l’aéroport, construction de port à Saint-André… Le BTP, le BTP, le BTP. Sauvons le BTP ! Que des projets catastrophiques en matière d’environnement, qui épuisent les ressources, fragilisent les terrains, favorisent l’érosion, polluent les sols et l’air… Ça ne voit pas bien plus loin que le bout du museau. Salut, copain pétrel, on t’aimait bien.

Tout est pris par la mauvais bout de la lorgnette. Ça gueule pour aller acheter des conneries le dimanche chez Mr Bricolage alors qu’il faudrait réduire drastiquement nos modes de consommation. Ça se réjouit de l’augmentation des ventes de bagnoles alors que cela provoque embouteillages, pollution et problèmes de gestion des épaves. Ça s’inquiète des subventions pour la canne à sucre alors qu’on ne fait même pas pousser ce qu’on bouffe. Aucun candidat, pourtant, n’a fait de l’environnement le cœur de sa campagne. Dans un siècle, l’histoire les jugera. Ainsi que ceux qui les auront élus.

On imagine bien la discussion, en 2119 : “Quoi, il y a cent ans, ils savaient qu’on allait être dans la merde, et ils ont même pas gueulé ? Nirlo qui promettait des milliers d’emplois, ça leur a suffi ? Ah, les cons. Ça devait être joli, un tuit-tuit.

La rédaction du Tangue

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