Jumbo, Leclerc, Carrefour… Pris les doigts dans le pot de confiture (bonus)

Lorsqu’on parle des pratiques des grands distributeurs, on oublie souvent d’évoquer des acteurs, pourtant essentiels, les élus. Parce qu’ils ont participé au triste état des lieux constaté par l’OPMR.

 

C’est ainsi : les zones industrielles ou d’activités sont construites et gérées par les collectivités territoriales. Ce sont donc elles qui choisissent quelles sont les entreprises qui peuvent s’y implanter, avec l’accord des Commission départementale d’aménagement commercial pour les projets commerciaux de plus de 1000m2 (les hypermarchés). Accepter que Leclerc débarque au Portail, ou Jumbo au Port sont donc des choix politiques. Or, comme nous l’avons vu, la création d’une grande surface, mécaniquement, aspire des clients qui, auparavant, se fournissaient dans les commerces de proximité. Les maires jouent donc un jeu dangereux : ils favorisent les gros au détriment des petits.

Dans le rapport commandé par l’OPMR, il est dit : “Le paysage actuel et l’évolution prévisible de la distribution de détail généraliste à La Réunion, menace donc clairement de disparition ou de réduction drastique, à court ou moyen termes, le tissu du commerce de proximité. Une réalité dont il convient de rappeler qu’elle est objectivement le fait des autorisations d’ouverture de grandes surfaces alimentaires accordées par les autorités locales.” On peut donc vraiment rire quand la mairie de Saint-Paul affirme que “la volonté de notre municipalité de soutenir les commerçants et artisans, et de dynamiser le centre ville de Saint-Paul ne faiblit pas” quand, peu de temps avant, Sinimalé accueillait Carrefour à bras ouvert…

Pire encore. Le rapport dont nous vous parlons depuis le début de la semaine n’est qu’un avis. Aucune de ses conclusions n’ont valeur d’obligation. Pourtant, elles existent, et sont dans les mains des politiques. Ce serait un choix politique, que de limiter la taille des hypers ; un choix politique, encore, de légiférer sur les marges, et surtout les marges arrières ; un choix politique, toujours, de financer les petits plutôt que les gros. Las, quand vous voyez le maire du Port, Olivier Hoarau, faire un discours plein de sourires à l’inauguration de l’extension du Sacré Cœur, vous avez compris qu’on est foutus.

Loïc Chaux